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La crise sidérurgique frappe à partir des années 1970 la ville de Dudelange comme un orage dans un ciel bleu. Au départ, les Dudelangeois s'étaient montrés rétifs à accepter la présence de l'usine. C'est ainsi que la carte commémorative de l'obtention du statut de ville reprenait un motif du peintre et photographe Dominique Lang (1874-1919), donnant la préférence à une vue panoramique empreinte de ruralité.

Au fil des décennies, ils s'étaient cependant plus qu'accommodés d'ARBED. La Schmelz, poumon économique de Dudelange, rythme la vie sociale et culturelle de la ville. La rupture brutale de cette routine est rejetée par une grande partie des habitants, qui manifestent au cours des années 1980  « Fir datt Diddeléng Diddeléng bleiwt » (afin que Dudelange demeure Dudelange). La fin du mythe sidérurgique, est illustrée par la brutalité des images témoignant du dynamitage d'une partie des installations de l'usine (1986). À partir de la fermeture du Steckel (laminoir à chaud) le site d'ARBED Dudelange tombe inévitablement en friche.

Dès cette époque, la municipalité, met en place une politique culturelle proactive dans laquelle l'image tient une place de choix. Elle apporte notamment son soutien en 1979 à l'édition des mémoires de l'enfance dudelangeoise de l'écrivaine Ry Boissaux. L’ouvrage, dont la mise en page rappelle un album photo de la Belle poque inaugure une série de publications qui entretiennent la nostalgie d’une époque, où le quotidien et l’avenir semblaient meilleurs. En 1982 la galerie municipale Nei Liicht, le tout premier espace d'exposition du Luxembourg dédié exclusivement à l’art photographique est mis en place dans une des anciennes villas de direction de l’ARBED. Ouvert sur la scène locale,
nationale et internationale, le futur centre d’art est aussi dans une phase de transition, un laboratoire où le passé et la mémoire sidérurgique de la ville se projettent dans l’image.